« Le givre » : une poésie de William Chapman

« Le givre », une poésie de William Chapman


On se retrouve aujourd’hui pour une poésie de William Chapman intitulée « Le Givre« . Ce poème fait parti d’un recueil de poésie intitulé « Les fleurs du givre ».

Depuis un mois il neige à flots. La nuit dernière

Il a plu. Maintenant sous la froide lumière

Du soleil hivernal le givre immaculé

Étincelle aux rameaux du grand bois constellé.

Quel séduisant tableau! quelle vaste féerie!

Chaque fourré devient une cristallerie;

Et les blancheurs du lait, de la nacre, du sel,

De l’onyx, de l’argent, de la nappe d’autel,

Sur les branches du Pin, du chêne et de l’érable

S’entremêlent dans une harmonie ineffable.

Parfois des rayons d’or frappent l’arbre qui luit,

Et l’on dirait alors qu’au milieu de la nuit

Une fée a touché du bout de sa baguette

Les fûts de la forêt solitaire et muette, (…)

« Le Givre » de William Chapman
Givre
Givre

Et si vous voulez continuer la poésie avec votre enfant, voici la suite :

En a fait les piliers d’une église sans nom;

On songe au merveilleux temple de Salomon,

Aux trésors apportés du Pérou par Pizarre.

Parfois sur ces piliers d’agate et de carrare

Une ombre passe et fait évanouir soudain

Le vif scintillement de ce nouvel Éden.

Et le bois assombri, que nul souffle n ‘agite,

Devient la grotte où pend la blanche stalactite;

Le soleil, mi-voilé d’un nuage blafard,

Entre d’épais massifs glisse un tremblant regard,

Tandis qu ‘aux alentours un feu d’apothéose

Sur les rameaux vitreux met une lueur rose

Projetant sur la neige un reflet de vermeil.

Mais un nuage encor nous cache le soleil:

Le morne clair-obscur des vieilles basiliques

Filtre à peine à travers les fûts mélancoliques

Du temple indescriptible habité par l’Hiver;

Puis tout à coup des traits lumineux fendent l’air,

Et, frappés par ces traits comme par un bolide,

Le frimas étoilé, le glaçon translucide,

Reprennent leur éclat; et notre oeil ébloui

S’enivre de nouveau d’un spectacle inoui;

Que ne saurait décrire aucune langue humaine

Est-ce un rêve?. Toujours une nouvelle scène

Du long panorama dessiné par le gel

Se déroule au sommet du grand bois solennel,

Comme un drapeau géant tissé de blanche soie

Sous la mitraille d’or du soleil qui flamboie.

Tantôt, aux vifs rayons qui pleuvent du ciel bleu,

L ‘immensité s ’embrase : on croirait que le feu

Dévore, comme en juin, la forêt centenaire.

Tantôt, dans plus d’un arbre inondé de lumière,

Par un mystérieux et magique travail

La branche se transforme en rameau de corail.

Tantôt, le chêne altier, qu’hier tordait Eole,

Prend l’aspect d’une immense et riche girandole.

Tout ce que le ciseau patient du sculpteur

Dans le marbre ou le bois sait créer d’enchanteur

En ciselant le lis, le lotus et l’acanthe,

Scintille sous les arcs de la forêt géante.

Tout ce que le ciseau du maître à l’œil de feu

Peut, comme un blanc reflet de la maison de Dieu,

Déployer dans l’abside, autour du tabernacle,

Serait terne à côté de ce mouvant spectacle.

Mais peut-être demain le grand flambeau des cieux

Fera fondre les fleurs du givre radieux,

Et tout ce vaste éclat de prodige et de rêve

Devra s ‘évanouir comme la lueur brève

D ‘un espoir qui, parfois illuminant nos jours,

Brille quelques moments et s ‘éteint pour toujours.

Le Givre de William Chapman


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